Amnesty International met en avant l'accroissement alarmant de l'homophobie en Afrique
Publié le 11/01/2024 à 14:44 - Édité le 11/01/2024 à 14:50Amnesty International, une organisation non gouvernementale, tire la sonnette d'alarme en soulignant une augmentation inquiétante des persécutions endurées par les personnes LGBTI+. Dans le cadre d'une récente étude déployée sur douze pays africains, elle établit un constat sévère : en 2023, les lois discriminatoires, les sanctions et les violences à l'encontre des personnes LGBTI+ ont connu une hausse préoccupante. Les instruments juridiques de répression ont pris du poids et dans plusieurs pays, les discours de haine à l'encontre des personnes homosexuelles sont de plus en plus visibles et se multiplient, en particulier sur les réseaux sociaux.
En particulier, la situation en Ouganda est effarante. Une personne soupçonnée de pratiques homosexuelles, ayant déjà été condamnée pour ces actes, peut risquer la peine capitale. C'est un exemple parmi d'autres de la manière dont les droits des personnes LGBTI+ sont en régression alarmante.
La réalité brute des persécutions et violences envers les personnes LGBTI+
Au Burundi par exemple, la loi s'est durcie en 2017, instaurant des amendes et des peines d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à deux ans pour des "pratiques homosexuelles ou incitation aux pratiques homosexuelles". Le président Ndayishimiye a été accusé d'alimenter ces mesures répressives par des discours haineux qui attisent les tensions et intensifient les violences envers les personnes LGBTI+.
Suite à un atelier sur la santé et le VIH-Sida, une vingtaine de participants ont été arrêtés, accusés d'homosexualité et d'incitation à la débauche. Si 19 des personnes arrêtées ont été acquittées, certaines restent encore détenues. La persécution légale n'est qu'une facette du problème. Les témoignages recueillis par Amnesty International dépeignent également des actes de violences et de tortures : castrations, vérifications génitales, thérapies de conversion visant à changer l'identité de genre et l'orientation sexuelle d'une personne, tests anaux assimilables à de la torture, etc.
Amnesty International milite pour l'arrêt de ces pratiques, la mise en application de la constitution par les Etats eux-mêmes, l'adoption de la Charte des droits et des peuples africains et des différents traités des Nations unies. Selon l'ONG, changer la loi est le premier pas essentiel pour faire évoluer les mentalités et donner plus de place à l'empathie et moins aux persécutions.
David Gakunzi, un intellectuel burundais exilé, met à jour la tendance à l'utilisation de l'homophobie comme un marqueur idéologique pour les régimes autoritaires et comme un moyen de détourner l'attention des problèmes de pauvreté et de misère. Il appelle également à une meilleure éducation pour briser le tabou de l'homosexualité. Selon lui, le fait de prétendre que l'homosexualité a été importée de l'Occident révèle "un manque flagrant de connaissance de l'histoire et de l'anthropologie africaine."
David Gakunzi souligne que "l'homophobie est arrivée avec la colonisation", rappelant que l'homosexualité a toujours existé en Afrique, sourcé par des exemples historiques comme le roi Kabaka Mwanga en Ouganda qui assumait publiquement son homosexualité, ou des communautés en Afrique de l'Est et australe où la pratique homosexuelle et la coexistence étaient acceptées. C'est pourquoi, il se positionne contre la persécution des personnes LGBTI+ en rappelant sagement : "l'homosexualité n'est pas une maladie, elle ne s'attrape pas".
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