Ouganda : Condamnation à mort pour homosexualité aggravée
Publié le 29/05/2023 à 23:47 - Édité le 30/05/2023 à 00:01La situation des droits LGBT+ s'aggrave en Ouganda, où le Président Yoweri Museveni a ratifié une loi sévèrement critiquée pour ses dispositions anti-LGBT+. Celle-ci prévoit des peines sévères pour les relations homosexuelles et la "promotion" de l'homosexualité. L'annonce de cette décision a été faite par la présidence, le lundi 29 mai, suscitant l'ire de nombreuses organisations non gouvernementales et des gouvernements occidentaux.
Dans un court communiqué diffusé sur son compte Twitter officiel, la présidence ougandaise a déclaré : "Le président a ratifié le projet de loi anti-homosexualité 2023. Il devient désormais la loi anti-homosexualité 2023". Cette loi avait été adoptée par le Parlement le 21 mars, provoquant un tollé.
Le président Museveni avait ensuite invité les parlementaires à "réviser" le texte fin avril, les encourageant notamment à spécifier que "l'homosexualité en tant que telle" n'était pas un délit, mais que seules les relations sexuelles l'étaient.
Dans une version légèrement modifiée et adoptée presque à l'unanimité le 2 mai, les législateurs ont intégré à la loi que "toute personne présumée ou soupçonnée d'être homosexuelle, n'ayant pas commis d'acte sexuel avec une personne de même sexe, ne commet pas le délit d'homosexualité".
Cette loi anti-homosexualité s'inscrit dans le contexte de l'Ouganda, un pays d'Afrique de l'Est où l'homosexualité est illégale. Depuis une loi héritée de la colonisation britannique, les "actes d'homosexualité" sont punis de réclusion à perpétuité. Toutefois, la nouvelle version du texte conserve, contre la volonté du président, une disposition qui fait de "l'homosexualité aggravée" un crime capital, menaçant ainsi les récidivistes de la peine de mort, même si cette dernière n'est plus appliquée depuis des années en Ouganda.
La promotion de l'homosexualité : argument des intolérants
La clause sur la "promotion" de l'homosexualité préoccupe également les organisations de défense des droits des homosexuels. D'après la loi, quiconque "fait la promotion de l'homosexualité de manière consciente" risque jusqu'à vingt ans de prison.
Des condamnations internationales ont rapidement suivi l'annonce de cette loi. Le président américain Joe Biden a qualifié cette loi de "honteuse" et de "violation tragique" des droits de l'homme. Il a également évoqué des conséquences possibles sur l'aide et les investissements américains en Ouganda. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a qualifié la promulgation de la loi de "déplorable", ajoutant que "si le gouvernement ougandais ne protège pas tous ses citoyens, les relations avec les partenaires internationaux s'en trouveront compromises". Le Royaume-Uni a également exprimé son "consternation" face à la promulgation de cette loi jugée "profondément discriminatoire". Le secrétaire d'État aux affaires étrangères britannique, Andrew Mitchell, a déclaré que cette loi "augmentera les risques de violences, de discriminations et de persécutions, fera reculer la lutte contre le sida et ternira l'image de l'Ouganda sur la scène internationale".
Dans ce contexte tendu, il est crucial de souligner que l'impact de cette loi ne se limite pas aux frontières de l'Ouganda. En effet, l'adoption d'une telle législation peut renforcer les stéréotypes et la discrimination contre les personnes LGBT+ dans d'autres régions du monde. C'est pourquoi la réaction de la communauté internationale reste essentielle pour soutenir les droits de ces personnes.
Une situation très alarmante
Cette situation en Ouganda met également en lumière le rôle important joué par les organisations non gouvernementales et les institutions internationales dans la défense des droits de l'homme. Leur travail est essentiel pour dénoncer les injustices et plaider en faveur de l'égalité et de la dignité pour tous, indépendamment de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre.
Il est également essentiel de rappeler que les lois discriminatoires, telles que celle adoptée en Ouganda, ont des conséquences profondes et durables sur la santé et le bien-être des personnes LGBT+. Elles contribuent à un environnement hostile et dangereux, augmentant le risque de violence et de discrimination, et limitant l'accès aux services essentiels, comme les soins de santé.
Cette nouvelle loi en Ouganda souligne l'urgence de continuer à lutter pour les droits des LGBT+ partout dans le monde. Il est crucial que les gouvernements et les institutions internationales travaillent ensemble pour promouvoir l'égalité et la dignité pour tous, indépendamment de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre.
illustration AFP - TONY KARUMBA / AFP
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