Beyrouth : Des catholiques intégristes attaquent un show de dragqueens
Publié le 05/09/2023 à 09:11 - Édité le 05/09/2023 à 09:16Ah, Beyrouth. Ville d'histoire, de culture, et apparemment, de plus en plus, de haine anti-LGBTQI+. Le 23 août dernier, un charmant groupe d'individus, se faisant appeler les "Soldats de Dieu," a jugé bon de s'en prendre à l'Om Café. Cet établissement est connu pour être un espace sûr pour la communauté LGBTQI+. Il accueille notamment des spectacles de drag, ces fabuleuses performances qui ont le don d'énerver certains esprits étroits. Comme l'a rapporté l'AFP, les agresseurs ont non seulement causé des dégâts matériels mais ont également lancé des menaces du type "vous allez brûler en enfer".
"Ils disaient 'nous sommes les soldats de Dieu'... Vous allez brûler en enfer", a témoigné une personne requérant l'anonymat pour des raisons de sécurité.
L'Art de la résistance: Dragqueens et communauté unies
Dans un climat déjà tendu, cette attaque vient renforcer le sentiment d'insécurité que ressent la communauté LGBTQI+ au Liban. Mais si les "Soldats de Dieu" pensent que leur rhétorique digne de la préhistoire va faire taire ces artistes, ils se fourvoient. Sur Twitter, l'association LGBTQI+ Helem encourage les victimes à se manifester pour engager des poursuites légales. Et sur les réseaux sociaux, les artistes queers ne comptent pas rester silencieux.
"Nous sommes ici, nous existons et personne ne nous réduira au silence", écrit Latiza Bombé, drag queen habituée de l'Om Café.
Le dangereux mélange de religion et d'homophobie
Le Liban n'est pas exactement ce qu'on pourrait appeler un havre de paix pour les personnes LGBTQI+. Dans la loi, l'homosexualité est qualifiée de "relations contre-nature" et est donc illégale. Quand des leaders religieux appellent ouvertement à la mort des homosexuels, on atteint un niveau de régression qui laisse pantois. Les figures politiques qui ont tenté de décriminaliser l'homosexualité ont, comme par hasard, été victimes de campagnes d'intimidation.
"C'est la concrétisation de la rhétorique anti-LGBT+", dénonce Rasha Younes, de Human Rights Watch.
Et comme si cela ne suffisait pas, la précarité économique qui sévit au Liban affecte d'autant plus les personnes LGBTQI+. Selon l'association Helem, 80% d'entre elles ont perdu leur emploi à la suite de l'explosion au port de Beyrouth en août 2020. Un contexte qui rend chaque attaque, chaque discours de haine, d'autant plus destructeur.
Ainsi, que ce soit clair : il n'est pas question de laisser ces "Soldats de Dieu" ou n'importe quel groupe de haine dicter la vie et les choix des personnes LGBTQI+. Au contraire, c'est le moment de rappeler que l'amour, la liberté et les paillettes triompheront toujours de la haine.
Source : Têtu
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