Turquie : un touriste portugais arrêté pour avoir l'air gay

Miguel Alvaro, un touriste portugais en vacances à Istanbul, a vécu un cauchemar éveillé le 25 juin. Sorti pour un déjeuner entre amis, il demande innocemment son chemin à la police locale, ne se doutant pas que se tenait à proximité d'une marche des fiertés non autorisée par les autorités locales. Selon M. Alvaro, qui est ouvertement gay, un des policiers lui ordonne soudainement de se faire arrêter. Il se retrouve violemment plaqué contre le mur d'un fourgon avant d'être jeté à l'intérieur.

"Ils ont saisi mes bras, et j'ai tenté de me libérer. L'un d'eux m'a frappé dans les côtes, ils m'ont poussé contre un fourgon, ils m'ont frappé à l'épaule, qui a commencé à saigner," a-t-il déclaré le touriste.

Des heures d'horreur en détention

C'est seulement après cinq heures passées dans le fourgon que M. Alvaro se voit expliquer la raison de son arrestation. L'officier, pensant qu'il participerait à la marche non autorisée en raison de son apparence, l'a malheureusement confondu avec les manifestants. Il souligne également que les officiers avaient pour ordre d'arrêter un certain nombre de personnes en lien avec la parade, et qu'il a malheureusement été l'une des victimes.

• Un séjour de 13 heures dans le fourgon de police
• Un transfert dans un commissariat
• Une délocalisation dans un centre de détention d'immigration dégoûtant

C'est dans ce dernier lieu que M. Alvaro affirme avoir vu des asticots ramper sur les draps, parmi d'autres horreurs.

Un périple d'injustice

Après plusieurs heures, son nom est enfin appelé par les gardiens de la prison. Il pense alors être libéré. Mais lui et d'autres détenus sont plutôt conduits dans une autre prison près de la frontière syrienne, à l'autre bout du pays, après un trajet de 17 heures. Il déclare avoir été menacé par d'autres détenus en raison de son orientation sexuelle, mais certains prisonniers sont intervenus pour le défendre. Il explique aussi qu'ils ont à peine eu d'eau et ont très peu dormi, par peur d'être attaqués. Il lui est interdit d'utiliser son téléphone pendant plusieurs jours, laissant sa famille et ses amis sans nouvelles de lui. 

Ce n'est qu'au début du mois de juillet qu'il réussit à joindre son père et à lui expliquer sa situation. Son père contacte immédiatement l'ambassade portugaise pour aider à sa libération, mais ce n'est que le 12 juillet, soit 20 jours après son arrestation, que M. Alvaro est finalement libéré. Il est escorté jusqu'à l'aéroport par la police et prend un avion pour le Portugal. "Je ne recommanderais à personne de visiter la Turquie, et encore moins aux hommes gays," confie-t-il sur Instagram (la publication a été supprimée).

"Actuellement, je suis dans un état psychologique horrible, j'ai très peur des conséquences futures. Je n'arrive pas à croire que cela m'est arrivé. Je prie pour que justice soit faite."

Bien qu'il ne soit pas illégal d'être gay en Turquie, les personnes LGBT font souvent face à des discriminations. La Pride d'Istanbul est interdite depuis 2015, les autorités invoquant des préoccupations de sécurité et d'ordre public.