Résistance arc-en-ciel à Istanbul : la communauté LGBT+ brave les interdictions !

En dépit des interdictions, la Marche des fiertés LGBT+ s'est déroulée dans les rues d'Istanbul, en Turquie. Ce pays majoritairement musulman ne prohibe pas l'homosexualité, néanmoins, la situation des minorités sexuelles devient chaque jour plus difficile. Suite à la réélection du Président Recep Tayyip Erdogan, le climat semble devenir de plus en plus oppressant pour la communauté LGBT+.

"Nous ne renoncerons pas à nos rues, à notre identité, à nos libertés!"

La Marche des fiertés, programmée le dimanche 25 juin, a été réprimée et interdite par les autorités, une pratique devenue habituelle depuis 2015. Malgré cela, plusieurs centaines de manifestants ont bravé l'interdit, arborant fièrement leurs drapeaux aux multiples couleurs. Parmi eux, Deniz, qui malgré la brièveté de la marche, tenait absolument à y participer. « On n’a pas le choix ! Si on abandonne la rue, on abandonnera le reste. On ne renoncera ni à nos rues, ni à notre identité, ni à nos libertés !», affirme-t-il.

Un discours officiel de plus en plus agressif

Le ton des discours officiels envers la communauté LGBT+ se durcit. Au cours de sa campagne électorale, Erdogan les a désignés comme des « LGBT+ pervers », les assimilant à une « peste » et un « poison » pour la famille turque. Anjelik, militante transféministe, dénonce la montée du populisme de droite : « Le populisme de droite qui se répand dans le monde tente d’imposer une certaine image de la famille et un certain mode de vie, et c’est aussi ce qu’on vit en Turquie, comme en Hongrie, en Russie ou ailleurs. Les pouvoirs inventent une autre réalité et s’en prennent à nous pour consolider leur base.»

Durant toute la campagne qui a abouti à sa réélection le 28 mai, le président Recep Tayyip Erdogan n'a cessé de critiquer les communautés LGBTQ+. Accusées de vouloir ébranler la structure de la famille traditionnelle, elles ont été le sujet de moqueries et de huées orchestrées par le président lui-même.

Il serait difficile de rappeler un meeting où le chef de l'Etat n'a pas pris pour cible la communauté gay et la communauté trans. « Aucun LGBT ne peut être le produit de cette nation», a-t-il déclaré à plusieurs reprises, qualifiant ces individus de « LGBT+ pervers » et de « déviants ».

En septembre 2022, plus d'une centaine de groupes et d'associations conservateurs, majoritairement affiliés au pouvoir, ont organisé une manifestation appelant à l'interdiction des groupes qui défendent les droits des homosexuels et transgenres.

Une attaque contre les associations LGBT+

Récemment, Erdogan a formé une alliance avec deux partis islamistes qui demandent la suppression des associations LGBT+. « Ce serait la porte ouverte à l’interdiction de toutes les ONG – LGBT ou pas – qui militent pour les libertés et la démocratie. Mais qu’ils ferment une association, nous en créerons dix !», riposte Anjelik. Le pouvoir envisage d'utiliser une révision constitutionnelle pour interdire les associations LGBT+, une mesure qui pourrait être adoptée par le Parlement ou par référendum.

• Une quarantaine d'arrestations dès le début des rassemblements.
• L'année précédente, plus de 200 personnes avaient été arrêtées.
• Depuis 2014, suite à un défilé rassemblant plus de 100 000 personnes, la Marche des fiertés a été progressivement interdite, invoquant des raisons de sécurité.

Il est à noter que malgré la dépénalisation de l'homosexualité en Turquie depuis le milieu du XIXe siècle (1858), celle-ci demeure largement stigmatisée par la société et fait face à l'hostilité de l'AKP, le parti au pouvoir.