Drag Queens à Séoul : tempête de lutte pour l'égalité
Publié le 30/06/2023 à 12:38 - Édité le 30/06/2023 à 12:47"Nous sommes là !" - Le cri du cœur des Drag Queens en Corée du Sud pour les droits LGBT+
L'icône drag queen Hurricane Kimchi bouscule la vie nocturne de Séoul depuis une décennie, faisant partie d'une communauté LGBT+ en plein essor qui se bat pour ses droits dans une Corée du Sud plutôt conservatrice. Malgré les obstacles, dont l'interdiction du mariage gay et une pression sociale souvent suffocante, le vent du changement souffle.
De la première Pride de Séoul en 2000 avec seulement cinquante participants à plus de 150 000 personnes attendues aujourd'hui, l'évolution est notable. Hurricane Kimchi, alias Heezy Yang - un artiste et militant actif - constate avec fierté ce changement. "C'est vraiment gratifiant de voir la Corée passer d'une scène inexistante à quelque chose de petit, mais significatif et bien connecté", déclare-t-elle.
La lutte pour la visibilité et l'acceptation
" Nous sommes partout, donc il devrait y avoir des événements LGBT+ partout et nous devrions être visibles partout ", plaide Hurricane Kimchi.
Cependant, malgré ces efforts, des défis restent à relever. Cette année, le défilé de la fierté, l'un des plus grands en Asie, s'est vu refuser l'emplacement central de Séoul pour son événement principal. Une organisation chrétienne a pris sa place, révélant une résistance institutionnalisée toujours présente.
Le maire conservateur de Séoul, Oh Se-hoon, a publiquement admis en juin ne pas "pouvoir personnellement approuver l'homosexualité". Et, ajoutant au tableau, une manifestation similaire à Daegu a dégénéré en confrontations.
Le décalage entre la K-pop et la réalité
La K-pop a produit une pléthore de stars masculines parfaitement toilettées, maquillées et ornées de bijoux, comme les sept membres du célèbre groupe BTS. Mais malgré les avancées apparentes, la réalité est souvent différente, souligne Hurricane Kimchi.
- "Les personnes LGBTQ+, y compris les travestis, sont de plus en plus présentes à la télévision, dans les clips de K-pop et dans certaines émissions télévisées, mais elles ne représentent qu'une infime partie de la production", dit-elle.
- Beaucoup considèrent l'esthétique des drag queens comme une "forme d'art, une sorte de performance", ajoute Tiago Canario, professeur de culture visuelle à l'Université de Corée.
- Mais il ne faut pas oublier que "ce n'est pas parce que cette esthétique devient populaire que les personnes marginales qui l'ont créée sont valorisées".
Les médias sociaux comme moyen de connexion
Pour toucher les Sud-Coréens LGBT+, certaines drag queens se tournent vers les réseaux sociaux.
"La présence en ligne est importante, surtout dans la société conservatrice coréenne", explique Serena, une drag queen du collectif Neon Milk, qui compte 100 000 membres sur YouTube. C'est un moyen pour elle de montrer aux jeunes, surtout dans les zones rurales, que "des gens comme moi, des femmes trans qui sont drag queens, existent".
Les défis persistent
Malheureusement, en Corée du Sud, les festivals queer ont souvent été la cible de groupes religieux. Les participants sont agressés verbalement, et parfois même physiquement. "Dans les démocraties, aucun festival queer n'a jamais été soumis à un tel niveau d'oppression", déclare Yang Sun-woo, responsable du comité d'organisation du Seoul Queer Culture Festival.
" Les drag kings et queens ont existé partout dans l'Histoire ", ajoute Heezy Yang. Et "quand ces gens deviennent plus visibles, quand ils montent sur scène, ou vont à une manifestation, ils s'affirment : ils se battent".
La lutte pour l'égalité continue, portée par des voix courageuses et résilientes. La tempête n'est pas encore terminée.
La condition des LGBT+ en Corée du sud
En Corée du Sud, la situation des personnes LGBT+ reste complexe et préoccupante. Malgré une visibilité accrue grâce à la culture pop et à l'émergence de personnalités ouvertement LGBT+, la société coréenne demeure largement conservatrice. Les lois anti-discrimination sont inexistantes, et le mariage homosexuel n'est pas légal. Les préjugés et la discrimination persistent, souvent alimentés par des groupes religieux conservateurs. Bien que les grandes villes comme Séoul commencent à voir une communauté LGBT+ plus épanouie et visible, notamment avec l'organisation d'événements Pride de plus en plus fréquentés, le chemin vers l'égalité et l'acceptation est encore long et semé d'embûches.
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