Première en France : un couple transgenre se bat pour la reconnaissance de leur enfant
Publié le 14/05/2023 à 12:51 - Édité le 14/05/2023 à 13:15Avah est née d'un couple transgenre : Mattéo, désigné femme à la naissance et reconnu homme, a porté l'enfant tandis que sa compagne Victoire, née homme et reconnue femme, l'a soutenu. L'administration peine à gérer cette situation complexe.
Mattéo, né femme, est désormais reconnu homme, tandis que Victoire, née homme, est reconnue femme. Ce couple transgenre rêvait de devenir parents. Prêts à tous les sacrifices, ils ont interrompu leurs traitements hormonaux et suspendu leurs chirurgies pour concevoir naturellement un enfant.
PMA impossible en France pour les transgenres
Après deux ans d'essais infructueux, Mattéo et Victoire ont envisagé la PMA, inaccessible aux couples transgenres en France. Face à l'obligation de renoncer à son identité masculine ou d'aller à l'étranger, Mattéo a finalement découvert sa grossesse. Malgré l'appréhension initiale, il a vécu sereinement cette période : "J'avais peur en tant qu'homme de voir mon ventre s'arrondir, mais finalement je me sentais très bien", confie-t-il.
Une législation française pas adaptée
Dès l'annonce de la grossesse, le couple a cherché à faire reconnaître leur enfant, mais la filiation pour les couples transgenres reste complexe. Depuis 2016, la loi a évolué pour les personnes transgenres, qui n'ont plus l'obligation d'être stériles pour changer de genre à l'état civil. Cependant, rien n'est prévu pour la filiation des personnes et couples transgenres.
Des hommes enceints ont déjà obtenu la reconnaissance en tant que pères, mais c'est la première fois qu'un couple transgenre fait face à ce problème. Ils ont dû prendre un avocat, car actuellement, dans le livret de famille d'Avah, Mattéo est inscrit comme la mère et Victoire comme le père.
Une bataille juridique et administrative
Un long combat juridique s'annonce pour le couple. Victoire et Mattéo ont également rencontré d'autres obstacles administratifs : Mattéo a bénéficié d'un congé paternité (et non maternité), mais ils ignorent si cela sera équivalent en termes de durée et d'indemnisation. Le couple a également dû se battre pour percevoir la prime de naissance de la C.A.F. (Caisse d'Allocations Familiales).
Malgré ces difficultés administratives, le couple apprécie d'avoir été bien suivi médicalement. "J'ai été très bien accompagné par l'hôpital Jacques Cœur de Bourges. Il y avait un long suivi gynécologique avec de nombreux examens à réaliser. On a toujours été bien accueilli, l'équipe était super", témoigne Mattéo.
Ils ont consenti à médiatiser cette lutte pour soutenir d'autres personnes confrontées à des situations similaires. "Nous préférons nous battre et nous "exposer" pour provoquer un changement pour les autres par la suite", affirme Victoire.
Ils espèrent que leur cas serve de précédent pour ouvrir la voie à d'autres couples transgenres souhaitant fonder une famille. Sur les réseaux sociaux, ils reçoivent de nombreux messages de couples cherchant des informations sur leur expérience.
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