Texas : un rodéo gay qui attrape l'intolérance par les cornes
Publié le 25/04/2023 à 11:17 - Édité le 25/04/2023 à 11:22Dans l'enceinte d'un enclos de la taille d'un terrain de football, John Beck, monté sur son cheval Diamond, participe à une compétition de rodéo à Denton, une ville de 158 000 habitants située au cœur du Texas.
Cette compétition, qui rassemble une cinquantaine de participants, ne diffère en rien des autres événements du même genre organisés dans l'État, avec des épreuves de lasso et de tenue de taureau.
La particularité de celle-ci réside dans le fait qu'elle est ouverte à la fois aux hétérosexuels et aux personnes LGBT+ et permet aux hommes et aux femmes de s'affronter directement, contrairement aux rodéos classiques qui les séparent souvent.
Financé par des dons, le rodéo de Denton propose des épreuves originales, telles que la "Wild Drag Race", où les participants, en robe et perruque, doivent tenir le plus longtemps possible sur le dos d'un veau. Généralement, le veau se débat, la corde de maintien se rompt, le cavalier chute, et les spectateurs, peu nombreux mais enthousiastes, applaudissent.
Tous ont la même chance de participer, à la différence d'un rodéo traditionnel", insiste Jim Gadient, 68 ans, membre de l'Association de rodéo gay du Texas (TGRA)
Il y a 40 ans, la TGRA a été créée pour soutenir les personnes atteintes du sida, à une époque où les aides publiques n'existaient pas.
Un terrain politique local glissant
Le parlement du Texas a entamé l'examen de 140 projets de loi, visant à restreindre les droits des personnes LGBT+, selon l'ONG Equality Texas. Parmi ces projets, l'un propose de retirer les financements publics des bibliothèques qui accueillent des lectures d'histoires par des drag queens à l'attention des enfants.
Selon le responsable texan proche de Donald Trump, Dan Patrick, ces activités "endoctrinent et sexualisent" les mineurs.
D'autres projets visent à restreindre l'enseignement de sujets liés à l'orientation sexuelle et à l'identité de genre, à limiter les traitements pour les mineurs transgenres, à retirer des livres considérés comme "obscènes" des bibliothèques ou encore à mettre fin aux politiques en faveur de la diversité.
À Denton, les drag queens sont une composante essentielle du spectacle, bien au-delà de la Wild Drag Race. Après la compétition, un repas est organisé pour collecter des dons, et les drag queens prennent en charge l'animation. L'une d'entre elles, Delilah DeVasquez, âgée de 50 ans, estime que les préoccupations exprimées par les élus ne sont tout simplement pas fondées, car, selon elle, les choses sont claires.
illustration du 16 avril 2023 ( Shelby Tauber / AFP )
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