Volte-face : Fin des zones anti-LGBT+ en Pologne

Dans une série d'événements qui reflète la dynamique changeante de la politique et de la société en Pologne, une initiative marquante vient de prendre un tournant décisif. En effet, un conseil local polonais, qui avait été le pionnier en adoptant une résolution se déclarant « libre de l'idéologie LGBT+ », a fait volte-face, annulant ladite mesure.

Mouvement révocatoire sous haute pression

Ladite révocation survient dans le contexte où la perspective de perdre des fonds substantiels de l'Union européenne planait comme une épée de Damoclès au-dessus des autorités locales. Il s'agit d'une somme conséquente de millions de zlotys, initialement destinée au développement régional mais conditionnée au respect des réglementations anti-discriminatoires.

Le combat acharné des activistes et des défenseurs des droits LGBT+ porte ses fruits : sur les 105 résolutions anti-LGBT+ introduites entre 2019 et 2020, actuellement, moins d'une quinzaine restent en vigueur. Ces abrogations sont le résultat d'un mélange de pression financière et de jugements de tribunaux invalidant les mesures discriminatoires.

L'Atlas of Hate, document cartographique interactif, a joué un rôle crucial en illustrant visuellement les régions adoptant des résolutions anti-LGBT+ (marquées en rouge) et celles révoquant ou rejetant ces initiatives (en vert), démontrant un glissement progressif vers une acceptation accrue de la diversité.

Le cas emblématique du comté de Świdnik

En mars 2019, le comté de Świdnik, comptant environ 70 000 âmes dans l'est de la Pologne, avait bravé la controverse en se proclamant premier territoire « libre de l'idéologie LGBT+ ». Cette résolution, sous couvert de prévenir la « sexualisation des enfants polonais », n'était pas sans rappeler des campagnes dites de « homopropagande ».

Les votes décisifs provenaient des conseillers locaux du parti conservateur Droit et Justice (PiS), aux commandes du gouvernement national depuis 2015, et connu pour son orientation anti-LGBT+. Radosław Brzózka, conseiller local à l'origine de la proposition, a été une figure de proue de ce mouvement, ayant gravi les échelons pour devenir le chef de cabinet du ministre de l'éducation Przemysław Czarnek, personnalité publique ayant précédemment qualifié les personnes LGBT+ de « déviants ».

Cependant, un revirement s'opère finalement lorsque la résolution est abrogée et remplacée par une nouvelle, qui, tout en évitant toute mention de la thématique LGBT+, s'engage à protéger « le développement moral de la jeune génération et l'institution de la famille basée sur les valeurs chrétiennes ».

Le site d'information OKO.press souligne que ce changement s'est produit après le rejet d'une demande de financement de 3,6 millions de zlotys (environ 810 000 euros) par l'UE, les fonds étant conditionnés au respect de la non-discrimination.

Une Europe à l'affût de l'égalité

En juillet 2021, la Commission européenne a initié des procédures légales contre la Pologne concernant ses résolutions anti-LGBT+, soupçonnant une violation potentielle des lois de l'UE sur la non-discrimination basée sur l'orientation sexuelle. Cela a conduit à la suspension des financements destinés aux régions polonaises ayant adopté de telles résolutions.

Le programme des Fonds EEE et Norvège, qui soutient financièrement les autorités locales polonaises, a également déclaré qu'il ne financerait pas de projets dans des zones ayant passé des résolutions anti-LGBT+.

Le risque de perte financière a été le catalyseur poussant de nombreuses autorités locales à révoquer les résolutions, y compris la ville de Świdnik. Bien qu'une tentative précédente ait été contrecarrée par des conseillers de l'opposition, le conseil a finalement accepté de remplacer l'ancienne résolution par une nouvelle, formulée différemment. Cette décision intervient à quelques mois des élections locales, signe d'une possible évolution des mentalités au sein de la sphère politique.

Avec la fin des actions en justice de l'UE contre la Pologne au sujet des zones anti-LGBT+, on observe un dénouement qui, pour beaucoup, représente une victoire contre l'homophobie et la transphobie institutionnalisées.