« On joue comme des tapettes », Kévin N'Doram ou l'homophobie ordinaire dans le football
Publié le 19/08/2023 à 09:25 - Édité le 19/08/2023 à 09:32Au terme d'un match haletant entre Metz et l'OM, qui s'est soldé par un match nul (2-2), le milieu messin Kévin N'Doram a saisi l'occasion de se présenter devant le micro de Prime Vidéo. Pas pour analyser la rencontre, oh non. Mais pour adresser des excuses publiques, suite à ses propos déplacés et franchement homophobes prononcés à la mi-temps du match. Des propos d'autant plus surprenants qu'ils surgissent en pleine période de lutte acharnée contre l'homophobie dans l'univers sportif, et particulièrement dans les stades de la L1.
« Si j'ai blessé quelqu'un, je m'en excuse. Je ne visais personne, je parlais sous la colère. Je n'aurais pas dû dire ça. Je veux juste présenter mes excuses », a déclaré le joueur de Metz.
Un vocabulaire à faire pâlir les vestiaires
Mais qu'avait donc dit N'Doram pour devoir ainsi se confondre en excuses devant des millions de téléspectateurs ? Eh bien, il a simplement qualifié la performance de son équipe de… comment dire… manquant de virilité ? En ses propres mots : « Excusez-moi du terme, mais on joue comme des tapettes ! On a peur de jouer au ballon. »
Quelle délicatesse ! Ce n'était sans doute pas son intention, mais en un instant, il a réduit la lutte de longue haleine contre l'homophobie en football à une simple blague de vestiaire. Le voilà désormais non seulement comme le milieu de Metz, mais aussi comme le joueur qui a oublié que les mots peuvent être aussi tranchants qu'un tacle glissé.
Les supporters, quant à eux, n'ont pas attendu longtemps pour exprimer leur consternation sur les réseaux sociaux. Certains ont salué son geste de contrition, tandis que d'autres l'ont accueilli avec un cynisme bien mérité, rappelant que le respect ne se limite pas à des excuses après le fait, mais commence bien avant, par le choix des mots.
Des excuses sincères ou non ?
La question demeure : ces excuses sont-elles le signe d'un joueur qui a véritablement pris conscience de l'impact de ses mots, ou ne sont-elles qu'une tentative de rattraper une réputation en chute libre ? Seul l'avenir nous le dira. En attendant, le football, ce beau sport qui nous unit tant, mériterait bien de se passer de tels faux-pas verbaux.
Le ras-le-bol de la virilité toxique dans le Football
Il est grand temps de mettre en lumière l'homophobie rampante qui sévit dans le monde du football, ce sport que nous aimons tant mais qui se trouve trop souvent entaché par les dérapages de certains de ses acteurs. Nous voici en 2023, et il est tout bonnement inacceptable que des professionnels du ballon rond continuent à propager des stéréotypes dégradants, usant de leur virilité comme d’un bouclier pour légitimer leurs propos haineux.
Ces manifestations d'une prétendue masculinité — des insultes homophobes à l'endroit de coéquipiers, d’adversaires ou de supporters — ne sont rien de moins que des attaques directes contre la dignité humaine. Nous sommes fatigués, exaspérés même, par ces incessantes démonstrations de virilité toxique, qui non seulement jettent une ombre sur le sport que nous chérissons, mais qui contribuent aussi à perpétuer un climat d'insécurité et de mépris pour la communauté LGBTQ+. Il est temps que le football, dans son ensemble, prenne une position ferme contre ces comportements et favorise une culture d’inclusion et de respect. Assez de tolérance pour l'intolérance !
Recevez nos articles, nos actualités et nos dossiers toutes les semaines. Restez éveillés ! 🏳️🌈