Injustice et tabou de l'homoparentalité en Corée du Sud
Publié le 06/08/2023 à 20:23 - Édité le 06/08/2023 à 20:37Dans un pays qui injecte des milliards pour augmenter un taux de natalité catastrophiquement bas, l'homoparentalité reste un tabou en Corée du Sud. C'est une réalité que le couple lesbien, Kim Kyu-jin et son épouse ont dû affronter lorsqu'ils ont décidé d'agrandir leur famille.
Un mariage en décalage avec la réalité locale
Le couple, marié à New York en 2019, a également organisé une cérémonie à Séoul. Toutefois, la Corée du Sud ne reconnaissant pas les mariages entre personnes de même sexe, Mme Kim est toujours officiellement considérée comme célibataire dans son pays d'origine. En voulant devenir parents, elles se sont heurtées à des murs institutionnels, le processus d'adoption étant inaccessible pour les célibataires et les banques de sperme réservées aux couples hétérosexuels mariés.
Des obstacles, mais aussi une grande détermination
Néanmoins, Kim Kyu-jin et Kim Sae-yeon (qui portent le même nom de famille par coïncidence) ne se sont pas laissées décourager. Grâce à une banque de sperme belge, elles ont réalisé une PMA et Kyu-jin attend maintenant un bébé. Elle est enceinte de huit mois et l'enfant naîtra en Corée du Sud, dans l'hôpital où Sae-yeon est médecin. Leur décision de parler publiquement de leur parcours a pour but de sensibiliser leur société à l'homoparentalité, un sujet encore largement méconnu et incompris.
Un espoir pour l'avenir
« Cet enfant grandira avec des mères heureuses. Nous pensons qu'il y a de fortes chances que l'enfant soit également heureux », assure Sae-yeon, pleine d'optimisme malgré les défis qui l'attendent. En effet, la Corée du Sud présente un taux de natalité de 0,78 enfant par femme, l'un des plus bas du monde, alors même que le gouvernement dépense des sommes astronomiques pour encourager ses citoyens à procréer.
Le reflet d'un conservatisme sociétal
Malgré tout, les aides pour la procréation, les allocations et la garde d'enfants gratuite sont réservées aux couples hétérosexuels mariés. Cette politique est le reflet d'un conservatisme sociétal, qui méprise l'homoparentalité et la monoparentalité. Selon les experts, en 2020, seulement 2,5 % des bébés sud-coréens sont nés hors mariage, comparé à environ 40 % dans les pays développés de l'OCDE.
Des discriminations et des critiques blessantes
En Corée du Sud, les personnes qui souhaitent devenir parents « hors du système conventionnel » essuient de vives critiques. Sae-yeon, par exemple, ne pourra pas exercer l'autorité parentale, prendre de congé maternité, ni être le représentant légal de l'enfant en cas d'urgence médicale.
L'espoir d'une société plus inclusive
Les deux femmes lesbiennes sont conscientes des difficultés que leur enfant pourrait rencontrer, mais espèrent que la société sud-coréenne deviendra plus inclusive. « Il y a beaucoup de personnes pleines de bonnes intentions qui s'inquiètent pour notre enfant, qui s'inquiètent de la souffrance (émotionnelle) qu'il subira », explique Kyu-jin à l'AFP. « Mais si ces personnes au grand cœur pouvaient contribuer à rendre notre société un peu plus inclusive pour notre enfant, ces préoccupations n'auront plus lieu d'être ». Elles sont déterminées à lutter pour un avenir meilleur pour leur enfant, même si cela signifie quitter leur pays. Malgré tout, Sae-yeon espère que ses parents accepteront un jour leur famille et leur petit-enfant. « Je ne sais pas combien de temps aura passé d'ici là. Mais je pense que nous regretterons d'avoir manqué tant de moments heureux et amusants en cours de route ».
Crédit photographie AFP
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