Transidentité et suicide : Un risque alarmant révélé par une étude pionnière Danoise
Publié le 07/07/2023 à 17:00 - Édité le 07/07/2023 à 17:05Une étude révolutionnaire réalisée au Danemark expose un fait inquiétant: le risque de tentatives de suicide parmi les personnes transgenres est presque huit fois plus élevé que dans le reste de la population. Cette recherche, publiée le 27 juin dans le prestigieux Journal of the American Medical Association, est la première à fournir des statistiques nationales sur le sujet.
Auparavant, seules des données partielles étaient disponibles, mais ces dernières indiquaient déjà un taux de suicide et de tentatives de suicide significativement plus élevé chez les individus trans.
"Le Danemark est connu pour sa libéralité. On peut donc craindre que les taux soient plus élevés dans d'autres pays, où les personnes trans sont davantage stigmatisées, discriminées et victimes de crimes haineux", souligne la sociologue Annette Erlangsen lors d'une interview avec l'Agence France-Presse (AFP).
Le facteur stressant de l'appartenance à une minorité
L'étude danoise, basée sur les données de plus de 6,6 millions de Danois âgés de plus de 15 ans, a été réalisée entre 1980 et 2021. Les résultats montrent que le risque de décès par suicide est trois fois et demie plus élevé pour les personnes transgenres que pour le reste de la population.
- 3 759 personnes transgenres identifiées
- 12 suicides enregistrés
- 92 tentatives de suicide documentées
Sur ces quarante-deux ans, le taux de mortalité par suicide s'est élevé à 75 pour 100 000 pour les personnes transgenres, contre 21 pour les personnes non transgenres.
Annette Erlangsen attribue ces chiffres alarmants principalement au phénomène du "stress minoritaire". Elle explique : "Lorsque vous appartenez à un groupe minoritaire marginalisé, comme c'est le cas des personnes transgenres, vous éprouvez plus de stress". Elle cite notamment les "situations difficiles" liées à des choix quotidiens, comme l'utilisation des toilettes publiques.
Des résultats inquiétants mais pas surprenants
Le professeur de santé sexuelle et d'épidémiologie, Morten Frisch, co-auteur de l'étude, espère que ces résultats mettront fin à toute incertitude quant à la vulnérabilité des personnes transgenres.
"Les tentatives de suicide et les morts par suicide que nous avons observées et analysées ne représentent que la partie émergée de l'iceberg. En dessous se trouve un fardeau encore plus lourd de problèmes de santé mentale moins visibles, tels que la solitude, l'anxiété, la dépression et l'automutilation non suicidaire chez les personnes transgenres", explique le médecin.
Selon l'étude, la proportion de personnes présentant des troubles psychiatriques est environ six fois plus élevée chez les personnes transgenres (42,9 %) que dans le reste de la population (7,1 %). Les personnes transgenres sont plus susceptibles de souffrir de troubles mentaux en raison du stress qu'elles subissent dans la société, ce qui peut également les conduire à adopter des comportements à haut risque.
Susanne Branner, directrice de l'association danoise LGBT+, considère les résultats de l'étude comme "profondément préoccupants et très douloureux, mais pas surprenants". Elle propose d'utiliser cette étude pour promouvoir davantage d'initiatives de soutien aux personnes transgenres.
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