Le Sénat reconnaît sa responsabilité dans la persécution des homosexuels
Publié le 23/11/2023 à 12:40 - Édité le 23/11/2023 à 16:04Le Sénat français a franchi un pas historique en adoptant à l'unanimité une proposition de loi reconnaissant la responsabilité de la France dans la discrimination à l'égard des personnes homosexuelles. Cette loi fait suite à des décennies de condamnations sous des législations discriminatoires.
Contexte historique des condamnations
Entre 1945 et 1982, des milliers de personnes ont été condamnées en France pour homosexualité, en vertu de lois discriminatoires établies sous le régime de Vichy. Ces lois incluaient un âge de consentement spécifique pour les relations homosexuelles et une aggravation de la répression de l’outrage public à la pudeur entre personnes du même sexe.
Une reconnaissance attendue
Le texte voté affirme que la République française reconnaît sa responsabilité dans ces actes discriminatoires. Cette reconnaissance est un geste significatif envers les personnes LGBT+ qui ont souffert de ces lois. Bien que le Sénat ait rejeté les dispositions de réparation financière, cette reconnaissance symbolique est un pas vers la guérison des blessures passées.
Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a soutenu le principe de cette proposition, soulignant qu'elle remplace « une loi de haine » par « une loi d’unité, de reconnaissance et de mémoire ». Selon les recherches, plus de 10 000 personnes ont été affectées par ces lois, avec des peines de prison fermes pour 90 % d'entre elles.
Proposition rejetée : l'indemnisation des victimes
L'initiative du sénateur socialiste Hussein Bourgi, visant à allouer une indemnité financière aux personnes condamnées en raison de leur orientation sexuelle, a été rejetée. Le projet de loi proposait une indemnisation de 10 000 euros, avec un ajout de 150 euros pour chaque jour de privation de liberté.
Cependant, le rapporteur Francis Szpiner (Les Républicains), a évoqué des « difficultés juridiques » pour justifier ce rejet, notamment en raison de la prescription des faits. Il a argumenté que la société française de l'époque, plutôt que la loi elle-même, était responsable de l'homophobie et que la loi mémorielle en place était suffisante.
La position de Szpiner, reflétant celle de la majorité sénatoriale de droite et du centre, a suscité des réactions mitigées. Il a souligné que ce n'était pas la loi qui avait causé le préjudice, mais l'attitude homophobe de la société française à l'époque. Cette distinction a été critiquée par certains, qui voient dans ces lois une expression directe de l'homophobie institutionnalisée.
Le garde des Sceaux a renforcé cette position en soulignant la complexité de la mise en œuvre de l'indemnisation, notamment en ce qui concerne la preuve des condamnations anciennes et l'exécution des peines.
Prochaines étapes législatives
Pour être adoptée définitivement, cette proposition de loi doit encore passer par l'Assemblée nationale. Si elle est inscrite à l’ordre du jour et adoptée, ce sera un jalon important dans l'histoire des droits LGBT+ français, marquant une étape cruciale dans la reconnaissance et la réparation des injustices passées.
Cette évolution législative représente un moment clé pour la communauté LGBT+ en France, illustrant un progrès dans la lutte contre l'homophobie institutionnelle et un pas vers une société plus inclusive et équitable pour tous.
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