Paris : Retour des thés dansants au Tango, un joli pied de nez au jeunisme

Niché au cœur du Marais, le quartier emblématique de la culture LGBT+ à Paris, le Tango fait partie de ces établissements qui traversent les époques sans prendre une ride. Un lieu en constante métamorphose, il reflète les nuances et la diversité de la communauté qu'il sert. Fondé à la fin du XIXe siècle, il a connu de nombreux changements, de sa première incarnation comme guinguette jusqu'à son rôle actuel de club incontournable de la scène LGBT+ parisienne.

Des générations réunies autour de la danse

Mercredi 4 octobre 2023, des personnes de tous âges s'étaient rassemblées pour un thé dansant, un rituel qui avait disparu mais que le propriétaire Hervé Latapie a récemment ressuscité. Le Tango révèle sa véritable nature lors de ces après-midis. Les visages familiers de Suzanne et Raymond, respectivement âgés de 93 et 91 ans, sont un témoignage éloquent de la longévité et de la portée transgénérationnelle de l'établissement.

Pour Suzanne, cette danse évoque des souvenirs de sa jeunesse, mais elle n'est pas la seule à se remémorer le passé. Raymond, qui a déjà fréquenté le lieu il y a trente ans, s'épanouit sur la piste de danse avec la même ferveur qu'autrefois. Le Tango est ainsi devenu une capsule temporelle, préservant et valorisant l'histoire collective de la communauté LGBT+.

L'avenir dans le passé

Suite à des difficultés financières en 2021 et la vente menaçante de son immeuble, le futur du Tango était incertain. Cependant, la prise en charge de la discothèque par le collectif Tango 3.0 a insufflé une nouvelle vie à l'établissement. Hervé Latapie, qui dirige le lieu depuis 1997, voit désormais au-delà de la simple rentabilité commerciale. Il envisage de diversifier les activités, avec un accent particulier sur les aspects sociaux et culturels.

En préparation, un documentaire souhaite capturer les témoignages des anciens clients pour en faire une archive permanente. C'est dans ce contexte que le thé dansant reprend tout son sens : il ne s'agit pas seulement d'une activité de loisir, mais d'une démarche visant à réaffirmer le rôle du Tango comme un sanctuaire de mémoire et d'expression pour la communauté LGBT+.

Dans une ville où les espaces dédiés à la communauté LGBT+ sont souvent en danger, le Tango fait figure d'exception en embrassant le passé tout en se projetant dans l'avenir. Ses portes restent grandes ouvertes, invitant tout un chacun à entrer dans la danse.