Comment la Géorgie utilise la cause LGBT+ pour servir ses intérêts géopolitiques avec la Russie ?
Publié le 15/07/2023 à 11:27 - Édité le 15/07/2023 à 11:28Les agressions envers la communauté LGBT+ lors d'un rassemblement en Géorgie samedi dernier ont créé l'émoi. Ce n'est cependant pas la première fois que de telles violences surviennent dans cette ancienne république soviétique depuis que le parti "Rêve Géorgien" a pris le pouvoir en 2012. Les agressions ont principalement été perpétrées par des groupes se présentant comme traditionalistes et nationalistes, qui sont proches du parti au pouvoir.
Une instrumentalisation des questions LGBT+?
Ces violences récurrentes ne peuvent pas seulement être interprétées comme l'expression d'une société traditionaliste dans un pays qui aspire à se rapprocher de l'Europe. Certes, un certain traditionalisme existe au sein de la société géorgienne, mais la question des droits LGBT+ est largement instrumentalisée.
Depuis le retour de Vladimir Poutine au Kremlin en 2012, avec un projet politique se voulant très conservateur, la question LGBT+ est devenue un outil géopolitique utilisé contre les sociétés, organisations et partis pro-occidentaux dans l'ensemble de la Russie.
Les violences anti-LGBT+ et la question russe
Les violences récentes en Géorgie sont étroitement liées à la question russe. Leur apparition n'est pas fortuite, elles ont été provoquées alors même que le parti au pouvoir, le "Rêve Géorgien" de l'oligarque Bidzina Ivanichvili, qui a amassé sa fortune en Russie, effectue un revirement géopolitique pour ramener le pays dans l'orbite russe.
Il le fait alors que, selon les derniers sondages, 81% des 3,7 millions de Géorgiens veulent que leur pays rejoigne l'Union européenne (UE). Presque personne dans le pays ne souhaite retourner dans l'orbite russe. La seule option pour le gouvernement est donc de diaboliser l'Occident en laissant entendre qu'il menace les valeurs traditionnelles de la Géorgie.
Loi contre "la propagande LGBT+"
Le parti au pouvoir envisage d'adopter une loi contre "la propagande LGBT+". L'objectif est de détourner les Géorgiens de leur aspiration européenne et simultanément, de faire reculer les 27 pays membres de l'UE dans leur volonté de se rapprocher de la Géorgie.
En 2023, l'Europe doit décider d'accorder ou non à la Géorgie le statut de pays candidat. En mars dernier, le gouvernement a tenté d'adopter une loi sur les agents étrangers, semblable à celle adoptée par la Russie en 2012, qui s'est avérée liberticide. Le but de cette loi était de pousser les Européens à dire : "Nous ne pouvons pas accepter la Géorgie parmi nous, cela va à l'encontre de nos valeurs".
La proposition de loi n'a pas été adoptée car les Géorgiens, en particulier les jeunes, sont sortis massivement dans les rues pour dire non à ce qu'ils ont alors baptisé la "loi russe".
"Avec ce nouveau projet de loi, contre 'la propagande LGBT+', le pouvoir tente à nouveau d'adopter un texte inacceptable pour les Européens."
En fin de compte, ils veulent que les Européens refusent d'accorder à la Géorgie le statut de pays candidat à l'UE à la fin de l'année. Un refus qui permettrait au gouvernement actuel géorgien d'accélérer le retour du pays dans l'orbite russe.
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