Cameroun : Chasse aux scènes LGBT à la télévision
Publié le 15/06/2023 à 07:42 - Édité le 15/06/2023 à 08:02Dans une annonce récente, le Conseil National de la Communication (CNC) du Cameroun a manifesté son inquiétude vis-à-vis de ce qu'il considère comme une montée des contenus médiatiques faisant la promotion de l'homosexualité. Ce organisme gouvernemental émet des doutes sur le caractère approprié de ces programmes, en particulier pour les jeunes publics.
Mise en garde aux diffuseurs
Dans un document intitulé Mise en garde, qui a fait l'objet d'une diffusion dans les médias, le CNC déclare avoir constaté une prolifération de programmes qu'il juge problématiques en raison de leur contenu lié à l'homosexualité. De plus, le CNC indique que ces programmes sont souvent diffusés par des canaux étrangers.
- Le CNC exprime sa préoccupation concernant la diffusion de contenus en lien avec l'homosexualité dans les programmes pour enfants et mineurs.
- Il met en garde les chaînes qui diffusent ces contenus, les incitant à les retirer sous peine de suspension.
Ceci dit le CNC n’a pas spécifiquement mentionné les noms des médias en question. Cependant, un membre de cet organisme, souhaitant rester anonyme, a communiqué à l’AFP qu’il n’était pas encore question de nommer des entreprises spécifiques en raison du grand volume de programmes concernés. Le Cameroun reçoit un grand nombre de chaînes internationales, y compris par le biais d’abonnements à des services tels que le groupe français Canal+ et le groupe sud-africain DStv.
Un contexte tendu pour la communauté LGBT+ camerounaise
Au Cameroun, les relations entre personnes de même sexe sont criminalisées et peuvent entraîner des peines de prison de six mois à cinq ans.
"La criminalisation de l'homosexualité y a créé un climat dans lequel des Camerounais et les forces de sécurité se permettent d'agresser et d'abuser de personnes LGBTI en toute impunité", déplorait Human Rights Watch (HRW).
En mai 2022, l’ONG internationale Human Rights Watch avait publié un rapport critiquant les violences et abus fréquemment subis par les personnes LGBTI dans ce pays d’Afrique centrale.
Une politique décomplexée anti-LGBT
- 1972 : Le Code pénal camerounais est modifié pour inclure l'article 347 bis, qui criminalise les relations sexuelles entre personnes de même sexe avec une peine d'emprisonnement de six mois à cinq ans et une amende.
- 2005-2006 : Augmentation des arrestations et poursuites judiciaires de personnes soupçonnées de relations homosexuelles au Cameroun.
- 2013 : Des avocats camerounais lancent des initiatives pour offrir des services juridiques aux personnes arrêtées en vertu de l'article 347 bis.
- 2016 : L’activiste camerounais Eric Lembembe, qui défendait les droits des personnes LGBT, est retrouvé mort dans des circonstances mystérieuses, soulignant les risques encourus par ceux qui défendent les droits des personnes LGBT au Cameroun.
- 2023 : Le régulateur des médias au Cameroun, le Conseil National de la Communication, menace de suspendre les distributeurs de chaînes de télévision qui diffusent des scènes d'homosexualité, dans un effort pour restreindre davantage les représentations des personnes LGBT dans les médias.
Le Cameroun est l'un des rares pays en Afrique où les personnes sont régulièrement arrêtées et poursuivies en raison de leur orientation sexuelle réelle ou perçue. L'article 347 bis du Code pénal camerounais reste un obstacle majeur aux droits de l'homme pour les personnes LGBT au Cameroun.
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