Les personnes LGBT majeures ont deux fois plus de pensées suicidaires
Publié le 13/06/2023 à 12:04 - Édité le 13/06/2023 à 12:07Durant le mois des fiertés, dont le but est de célébrer et de défendre les droits des communautés LGBT+, une étude réalisée à Londres révèle que des efforts considérables sont nécessaires pour protéger la santé mentale des personnes homosexuelles et bisexuelles.
Statistiques alarmantes
Selon l'étude publiée dans la revue Social Psychiatric Epidemiology le 9 juin 2023, les homosexuels et bisexuels sont plus susceptibles de souffrir de pensées suicidaires.
- L'étude analyse les données de 10 443 adultes anglais entre 2007 et 2014.
- Les personnes homosexuelles ont deux fois plus de risques d’avoir des pensées suicidaires que les hétérosexuels.
- La discrimination et l'intimidation sont des facteurs contribuant à l’augmentation de ce risque.
- Aucune amélioration n'a été constatée dans la réduction des disparités de santé mentale entre 2007 et 2014.
Appel à l’action pour la réduction de la discrimination
Les chercheurs soulignent que la société doit prendre des mesures pour réduire la discrimination envers les personnes appartenant à des minorités sexuelles. Les expériences de discrimination et d'intimidation sont liées à une augmentation du risque de problèmes de santé mentale tels que la dépression et l'anxiété.
- Les cliniciens doivent être sensibilisés à ces problèmes afin de mieux soutenir la santé mentale des patients LGB.
- Il est nécessaire d'améliorer les services de santé pour répondre aux besoins des LGBT+.
- Le renforcement des services de santé mentale spécifiquement destinés aux LGBT+ est essentiel.
Contexte: Les défis de la santé mentale chez les minorités sexuelles
Le suicide est une des principales causes de décès prématuré dans le monde, avec plus de 700 000 décès rapportés chaque année. Des études de haute qualité indiquent que l'appartenance à une minorité sexuelle est un facteur de risque de suicide. Au Royaume-Uni, environ 5 500 personnes meurent par suicide chaque année, mais les statistiques de mortalité ne sont pas réparties par sexualité. Cela entrave notre compréhension du risque de suicide en relation avec le statut de minorité, malgré le fait que les groupes de minorités sexuelles représentent 3,2% des populations de l'Angleterre et du Pays de Galles.
Objectifs de l'étude et lacunes dans la littérature existante
Cette étude vise à comprendre le fardeau de la suicidité et de l'automutilation parmi les groupes de minorités sexuelles au Royaume-Uni, identifier les facteurs de risque probables et déterminer si des inégalités en matière de suicidité se sont réduites ou élargies entre 2007 et 2014. Les objectifs spécifiques sont:
- Décrire la proportion de membres de ménages au Royaume-Uni s'identifiant dans chaque groupe d'orientation sexuelle en 2007 et 2014, ainsi que leurs caractéristiques sociodémographiques et cliniques.
- Décrire les associations entre l'orientation sexuelle LGB spécifique et la suicidité (pensées suicidaires au cours de l'année écoulée, tentative de suicide au cours de l'année écoulée et automutilation non suicidaire au cours de la vie), en contrôlant les troubles mentaux courants.
- Examiner l'influence des indicateurs de stress de minorité (intimidation et discrimination) sur les associations entre l'orientation sexuelle LGB spécifique et la suicidité.
- Tester si les associations entre l'orientation sexuelle LGB spécifique et la suicidité varient selon le sexe et l'année de l'enquête.
Les revues systématiques identifient des lacunes dans la littérature concernant le risque d'automutilation et de suicidité chez les groupes de minorités sexuelles au Royaume-Uni. Une étude de 2008 a décrit un risque deux fois plus élevé d'idéation suicidaire et de tentatives de suicide au cours de la vie chez les personnes LGB, bien que la qualité des études incluses ait été limitée. Une revue systématique de 2022 a révélé un risque presque triplé de suicidité chez les femmes lesbiennes et les hommes gays par rapport aux hétérosexuels, et près de cinq fois plus pour les individus bisexuels.
Rôle de la société hétéronormative et de la discrimination
Le Royaume-Uni est une société hétéronormative où les personnes LGB ont subi des persécutions systémiques et historiques en vertu de la loi britannique. La théorie du stress de minorité suggère que les expériences de discrimination ou d'intimidation peuvent expliquer les disparités de santé mentale entre les minorités sexuelles et leurs homologues hétérosexuels. Des changements culturels et juridiques plus récents au Royaume-Uni ont offert une plus grande protection juridique aux personnes LGB, mais il n'est pas clair si cela s'est traduit par une réduction de l'automutilation ou de la suicidité.
Source : https://link.springer.com/article/10.1007/s00127-023-02490-4
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