Désaccord à l'ONU : Les droits LGBTQ en jeu
Publié le 13/06/2023 à 11:37 - Édité le 13/06/2023 à 11:38Un désaccord sans précédent
Un désaccord inédit a émergé parmi les pays membres de l'ONU concernant les droits LGBTQ. Pour la première fois, ce désaccord a empêché l'adoption du programme de travail et du budget de l'OIT. Ce conflit sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre pourrait entraver l'approbation du budget bisannuel de 885 millions de dollars de l'OIT, en plein mois des Fiertés LGBTQ.
Les acteurs du désaccord
Des diplomates ont indiqué à l'AFP que cette impasse s'inscrit dans une tentative plus large des pays africains et musulmans pour supprimer les références à l'orientation sexuelle et à l'identité de genre au sein de l'ONU. Le comité des finances de la Conférence internationale du travail, l'organe décisionnel de l'OIT, n'a pas réussi à trouver un consensus sur le programme et le budget de l'OIT pour 2024 et 2025, a déclaré la porte-parole de l'agence, Rosalind Yarde.
« Le désaccord concerne le vocabulaire inséré dans la section consacrée à l'égalité des sexes, la non-discrimination et l'inclusion », Rosalind Yarde, porte-parole de l'OIT.
Le cœur du débat
Le débat porte sur une formule faisant référence à d'autres groupes de population touchés par la discrimination et l'exclusion, notamment pour des motifs de race, d'orientation sexuelle et d'identité de genre, a expliqué Mme Yarde. Le groupe de pays africains et l'OCI ont refusé d'inclure cette formulation dans le document de programme et budget, en particulier en ce qui concerne le travail du bureau dans leurs pays.
- Observations : Des références similaires avaient été incluses dans les budgets-programmes précédents sans opposition significative.
- Amendement : Cette semaine, les pays africains et musulmans ont proposé un amendement visant à supprimer la mention de groupes vulnérables spécifiques couverts par le mandat de l'OIT pour lutter contre la discrimination.
- Refus : D'autres pays ont refusé de céder, notamment des pays européens, mais aussi du continent américain et de la région Asie-Pacifique.
Un événement dans un contexte plus large
Ce qui a eu lieu récemment à Genève au sein de l'OIT s'inscrit dans un contexte plus large. En effet, en juillet 2022, le mandat du représentant luttant pour les droits des minorités LGBTQ aux Nations Unies était sur le fil du rasoir. Malgré l’opposition féroce de l’OCI, son mandat a été renouvelé de justesse.
"Sa mission, créée en 2016, avait finalement été renouvelée pour trois ans supplémentaires par le Conseil des droits de l'homme."
Une résistance remarquée lors de l'Assemblée mondiale de la santé
Avant cela, en mai de la même année, un événement similaire s'était déroulé lors de l’Assemblée mondiale de la santé, l’organe décisionnel suprême de l'OMS. Pendant les discussions sur la stratégie de l'OMS pour combattre les maladies sexuellement transmissibles, une forte opposition s'était manifestée. Des pays africains et du Golfe, notamment l'Arabie Saoudite, le Nigeria et l'Égypte, étaient particulièrement réticents à l’utilisation de termes tels que orientation sexuelle, transgenre, et hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes.
Quelle suite pour l'OIT ?
La Commission des finances de l'OIT est toujours en pourparlers. Si aucun accord n'est trouvé, le sujet pourrait être transféré à la plénière de la Conférence internationale du Travail ce lundi.
- L'OIT est unique en son genre au sein de l'ONU, fonctionnant sur un système tripartite incluant États, représentants des salariés et représentants des employeurs.
- La plénière pourrait être amenée à voter sur le texte original non modifié.
- Un ensemble de pays pourrait proposer une nouvelle résolution soumise au vote.
Cette situation serait sans précédent et il est incertain de prédire l'issue d'un vote qui n'atteindrait pas la majorité qualifiée des deux tiers.
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