Turquie : Erdogan victorieux, la communauté LGBT s'inquiète
Publié le 30/05/2023 à 00:10 - Édité le 30/05/2023 à 00:15En Turquie, l'élection récente de Recep Tayyip Erdogan à la présidence est une source d'inquiétude pour la communauté LGBT+. En effet, pendant toute la durée de la campagne électorale, le président a tenu des propos offensants à l'encontre des personnes LGBT+, les utilisant même pour critiquer l'opposition et l'accuser de vouloir saper les valeurs familiales traditionnelles qu'il défend si ardement. La victoire d'Erdogan, un conservateur islamiste, suscite la crainte au sein de la communauté LGBT+, qui redoute d'être prise pour cible, y compris physiquement, en raison de leur orientation sexuelle.
Une victoire aux urnes effrayante
"Je suis vraiment effrayé. Je me sentais déjà oppressé avant, et maintenant, ils vont tenter de m'étouffer", confie avec anxiété Ilker Erdogan, un étudiant de 20 ans, à la veille de l'élection. Il a exprimé ses inquiétudes depuis le quartier de Kadiköy, situé sur la rive asiatique d'Istanbul.
Le sentiment de crainte qui imprègne la communauté LGBT+ en Turquie suite à cette élection est une illustration frappante des défis auxquels sont confrontées les personnes de cette communauté dans de nombreux pays. Il souligne l'importance de la vigilance et de la résistance face aux menaces et aux attaques visant les droits et la sécurité des personnes en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.
Dans ce contexte difficile, le rôle des organisations de défense des droits de l'homme, des acteurs de la société civile et des alliés à travers le monde est primordial. Leur soutien peut contribuer à atténuer les craintes de la communauté LGBT+ et à renforcer la lutte pour l'égalité et le respect des droits de l'homme en Turquie et ailleurs.
Le président Erdogan et son conservatisme religieux
Lors des rassemblements de campagne, le Président Erdogan n'a cessé de cibler la communauté LGBT+, déclarant publiquement que "aucun LGBT+ ne peut être le produit de cette nation !". Son ministre de l'Intérieur, Süleyman Soylu, a également exprimé sa désapprobation, qualifiant les LGBT+ de "religion" importée "d'Amérique et d'Europe". "Lorsqu'ils évoquent les LGBT+, cela inclut le mariage entre animaux et humains", a-t-il ajouté avec véhémence.
Les LGBT locaux s'inquiète face à l'augmentation de la haine
Ameda Murat Karaguzu, une femme de 26 ans responsable de projet dans une association de défense des droits des LGBT+, témoigne de l'augmentation de la haine et des violences à son égard. "J'ai été confrontée à plus de discours et d'actes haineux que je n'en ai connu depuis longtemps ; on m'a jeté du café depuis une voiture et on m'a crié dessus dans la rue", affirme-t-elle. Selon Ameda, la rhétorique haineuse du président Erdogan "encourage les personnes homophobes, transphobes et hostiles aux LGBT+ dans les rues, parce qu'elles savent qu'elles ne subiront aucune conséquence si elles nous blessent ou nous tuent".
Tugba Baykal, une réalisatrice de documentaires et militante LGBT+ de 39 ans, a décidé de quitter le pays face à cette situation. "Les gens sont traités comme des criminels pour le simple fait d'exister", déplore-t-elle. Tugba prédit que les demandes de visa pour émigrer augmenteront. Elle a décidé de tenter sa chance aux États-Unis, déclarant : "C'est une décision qui aurait été bien plus difficile à prendre si notre pays était plus accueillant".
Ces témoignages mettent en lumière la réalité troublante des personnes LGBT+ en Turquie et soulignent la nécessité de changer les attitudes et les politiques pour favoriser l'acceptation et l'égalité.
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