Suisse : les hommes gays peuvent enfin donner leur sang
Publié le 03/11/2023 à 08:50 - Édité le 30/11/2023 à 08:25Un vent d'égalité souffle sur la Suisse depuis le 1er novembre, date à laquelle un décret a marqué la fin d'une période discriminatoire dans le domaine du don de sang. En effet, les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes peuvent désormais donner leur sang, ébranlant une vieille restriction qui les écartait de ce geste altruiste sauf abstinence d'un an.
Une révolution en douceur
À Epalinges, près de Lausanne, l'ambiance est studieuse et chargée d'émotion en ce matin particulier. Les premiers prélèvements ont lieu dans un centre spécialisé où chacun, sans distinction, vient remplir des formulaires. C'est une révolution tranquille, mais aux répercussions profondes pour les droits des hommes gays en Suisse.
Les critères ont été revus : la notion de "situations à risque" s'applique désormais à tous les donneurs, indépendamment de leur orientation sexuelle. Les comportements à risque restent définis par la prise de drogues par injection, les relations avec des partenaires sexuels multiples ou l'implication dans des relations sexuelles avec un partenaire récent. Mais désormais, c'est le comportement, non l'orientation sexuelle, qui guide les restrictions.
La science avant tout
Il s'agit d'une avancée basée sur des données scientifiques et un principe d'égalité. En excluant les hommes homosexuels du don de sang depuis 1988, la Suisse, comme de nombreux pays, craignait la transmission du VIH/Sida. Or, Swissmedic, l'organe de contrôle des pratiques thérapeutiques du pays, a reconnu que les avancées dans la détection du virus et la gestion des risques rendent obsolète cette exclusion.
L'équité dans le don de sang représente un tournant majeur, puisqu'elle reflète une évolution sociétale et une meilleure compréhension des enjeux de santé publique. Les hommes en relation stable avec un partenaire du même sexe peuvent donc participer pleinement à cette solidarité qui sauve des vies.
Impact sur les dons
Le Centre de don du sang d'Epalinges anticipe un accroissement modéré du nombre de dons, une anticipation fondée sur une logique de proportion plutôt que d'une révolution numérique. La nouvelle n'a pas entraîné d'augmentation du personnel, signe que l'adaptation est avant tout une question de principe.
Les cliniques suisses ont observé une affluence notable d'hommes homosexuels, désireux d'être parmi les premiers à exercer leur droit nouvellement acquis. Un symbole fort pour la communauté LGBT+, qui voit là une reconnaissance longtemps attendue de leur contribution à la société.
Cette modification des règles du don de sang s'inscrit dans un mouvement global de remise en question des politiques de santé anciennes, désormais jugées discriminatoires et non fondées sur des preuves scientifiques solides.
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