Europe : Les ultraconservateurs orchestrent un recul des droits LGBT+
Publié le 04/07/2023 à 08:11 - Édité le 04/07/2023 à 08:57Malgré que l'UE soit l'une des régions du monde où les droits des personnes LGBT+ soient les plus respectés, des tendances ultraconservatrices travaillent à éroder ces protections. La violence à leur encontre augmente. Un incident notable est survenu lorsque l'eurodéputé français d'extrême droite, Nicolas Bay, a critiqué une exposition de photographies de l'artiste militante suédoise Elisabeth Ohlson, la qualifiant d'offensive envers la religion. Cette exposition représentait notamment deux hommes nus s'enlaçant.
Des politiques discriminatoires en plein essor
Dans une lettre, trente-cinq députés européens, comprenant des personnalités politiques d'extrême droite de différents pays, ont appelé à la censure de cette exposition. Ce geste a notamment été soutenu par Vincenzo Sofo, membre du parti de la Première ministre italienne Giorgia Meloni, et par François-Xavier Bellamy du Parti populaire européen.
"Art ? Non, juste de la vulgarité."
C'est avec ces mots que l'ancien ministre de l'Intérieur italien, Matteo Salvini, a critiqué l'exposition sur Facebook. Ce dernier, tout comme Giorgia Meloni, sont connus pour leur hostilité envers les droits LGBT+. Meloni, fervente défenseuse des "valeurs de la famille chrétienne", a notamment salué la contestation des actes de naissance d'enfants de couples lesbiens par le parquet de Padoue.
- Pologne : le parti ultraconservateur au pouvoir, le PiS, encourage la discrimination contre les personnes LGBT+. Il a déclaré certaines régions "zones sans idéologie LGBT" et a bloqué un texte de l'UE visant à protéger ces personnes de la violence et du harcèlement.
- Hongrie : autrefois considéré comme progressiste, le pays a reculé sous la gouvernance de Viktor Orban. Il a interdit le changement de genre et l'adoption par des couples de même sexe. Il a aussi proscrit toute "promotion" de l'homosexualité et du changement de sexe auprès des mineurs.
- Croatie : un référendum soutenu par des groupes catholiques ultraconservateurs a inscrit dans la Constitution que le mariage ne peut être que l'union d'un homme et d'une femme. Une étude a révélé que la discrimination envers les homosexuels est courante, avec un quart des personnes homosexuelles ayant déjà subi des violences physiques.
Une vague d'homophobie gagne l'Europe
Malgré la légalisation du mariage homosexuel en Espagne en 2005, le pays ne fait pas exception à cette tendance. Lors de la Journée des fiertés, le parti d'extrême droite Vox, allié du Parti populaire dans plusieurs régions, a réussi à faire retirer le drapeau LGBT des façades d'au moins trois parlements et de nombreuses mairies.
Même dans les pays où les droits des personnes homosexuelles sont généralement bien protégés, les attaques verbales et physiques se multiplient. Le directeur de l'ONG de défense des droits humains Ilga Europe, Evelyne Paradis, a averti que le discours de haine anti-LGBTI est un problème sérieux avec de graves conséquences. Le nombre d'actes anti-LGBT en France a augmenté de 3 % l'année dernière, et Ilga a déclaré 2022 comme "l'année la plus violente depuis une décennie" en Europe.
Cependant, pour finir avec une note positive, l'Europe reste l'une des régions où les droits des personnes homosexuelles sont les mieux protégés. Parmi les trente-cinq pays au monde autorisant le mariage des couples de même sexe, vingt se trouvent en Europe.L'Estonie a récemment autorisé le mariage homosexuel à partir de 2024, et en mai, la Cour européenne des droits de l'Homme a condamné la Roumanie pour violation des droits des homosexuels.
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