Témoignage « Lesbienne et musulmane, je vis un enfer dans ma tête »
Publié le 15/04/2024 à 10:13 - Édité le 15/04/2024 à 10:29Témoignage d'une membre anonyme âgée de 27 ans vivant à Marseille, inscrit sur betolerant.fr
Je m'appelle Sarah, j'ai 27 ans et je vis à Marseille. Depuis mon plus jeune âge, j'ai toujours su que j'étais différente. J'ai grandi dans une famille musulmane pratiquante, où l'amour et le respect étaient des valeurs fondamentales. Mais j'ai aussi grandi dans une famille où l'homosexualité était considérée comme un péché, une honte, une maladie.
Je me souviens encore du jour où j'ai réalisé que j'étais attirée par les femmes. J'avais 15 ans, et je venais de rencontrer une fille qui avait fait chavirer mon cœur. Mais au lieu de ressentir de la joie, j'ai ressenti de la peur. J'ai compris que ce que je ressentais était considéré comme interdit, comme impur. Alors j'ai enfoui mes sentiments au plus profond de moi, et j'ai essayé de vivre ma vie comme si de rien n'était.
Mais plus les années passaient, plus il devenait difficile de cacher qui j'étais vraiment. J'ai commencé à me sentir étouffée, prisonnière de ma propre vie. J'ai commencé à me sentir seule, isolée, incomprise. J'avais l'impression de vivre dans un monde où je ne pouvais pas être moi-même, où je devais porter un masque pour être acceptée.
Ma famille, mes amis, ma communauté... tous étaient musulmans, et tous considéraient l'homosexualité comme un péché. Je savais que si je révélais ma véritable identité, je risquais de perdre tout ce qui m'était cher. Alors j'ai continué à me taire, à mentir, à me cacher.
Mais plus je me cachais, plus je me sentais mal. Je me sentais coupable de ne pas pouvoir être honnête avec mes proches, coupable de ne pas pouvoir vivre ma vie comme je l'entendais. Je me sentais triste, triste de devoir renoncer à une partie de moi-même pour être acceptée.
Je me souviens encore de cette fois où j'ai assisté à un mariage dans ma famille. Tout le monde était heureux, tout le monde dansait et célébrait l'amour. Mais moi, je me sentais triste et seule. Je me rappelle avoir vu mes cousines danser avec leurs maris, et avoir ressenti une profonde tristesse en réalisant que je ne pourrais peut-être jamais vivre ce genre de moment, que je ne pourrais peut-être jamais danser avec la femme que j'aime devant ma famille et mes amis.
Je me souviens aussi de cette fois où j'ai entendu des membres de ma communauté religieuse parler de l'homosexualité comme d'une maladie, comme d'une perversion. J'étais assise au fond de la salle, le cœur serré, les larmes aux yeux. J'avais envie de me lever, de crier, de leur dire qu'ils avaient tort, que l'amour n'était pas une maladie. Mais j'ai gardé le silence, par peur d'être rejetée, par peur d'être jugée.
Et puis, il y a eu cette fois où j'ai essayé de parler de mon orientation sexuelle à ma mère. Je me rappelle avoir vu la déception dans ses yeux, avoir entendu la tristesse dans sa voix. Elle m'a dit qu'elle m'aimait, mais qu'elle ne pouvait pas accepter mon choix de vie. Elle m'a dit que l'homosexualité était contre nature, contre notre religion. Je me suis sentie brisée, comme si une partie de moi avait été rejetée par la personne qui était censée m'aimer inconditionnellement.
Ces anecdotes sont tristes, mais elles reflètent la réalité de nombreuses femmes lesbiennes issues de milieux religieux conservateurs. Elles reflètent la douleur, la solitude, la peur et la honte que nous pouvons ressentir lorsque nous sommes confrontés à l'incompréhension, au rejet, à la discrimination.
Merci de m'avoir lu et j'espère de m'avoir écouté (un peu)...
Vous souhaitez témoigner anonymement ? Contactez-nous. Chaque voix compte.
Recevez nos articles, nos actualités et nos dossiers toutes les semaines. Restez éveillés ! 🏳️🌈